Nos pas crissent sous la multitude d'éclats de verre qui jonchent le sol. Les yeux bleus de Serge pétillent, ses souvenirs jaillissent comme si c'était hier : « là il y a avait une zone de stockage de bobines de papier, plus loin c'était la 48/4, c'était la Roll's des rotatives ! » Il n'était jamais retourné sur le site de l'imprimerie Strasbourgeoise depuis son licenciement économique, en 2008. Cette année le site sera détruit pour donner le jour à des habitations.
L'histoire de cette imprimerie Istra (contraction de l'imprimerie Strasbourgeoise) s'étale sur trois siècles. Elle était l'une des plus anciennes imprimeries françaises toujours à la pointe des avancées technologiques et ayant appartenue, un temps, à l'Imprimerie Nationale. À sa grande époque, dans les années 1970-1980, elle a employé plus 800 personnes et a imprimé de prestigieux magazines. Victime d'une violente concurrence européenne et des prémices de la révolution digitale, elle a été mise en liquidation judiciaire en 2010. Une soixantaine de personnes y travaillait encore. Maintenant friche industrielle, le site de Schiltigheim, dans le Bas-Rhin, construit en 1958, va être rasé début 2022.
Le portrait de Serge ayant travaillé pour Istra dès ses 14 ans et toute sa carrière, raconte l'attachement et la reconnaissance qu'il a à cette entreprise, avec pudeur et respect.
Des dytiques confrontent deux séries, permettant un avant/après. L'une faite en 2003, montrant l'imprimerie en activité et le gigantisme des lieux et des machines, l'autre faite en 2021 avec les mêmes cadrages dans le chaos de la friche.
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